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Distribution
Pierre BRASSEUR
(Ornifle),
Jacqueline MAILLAN
(Mlle Supo),
Gilberte GENIAT
(Nénette),
Carmen PITOËFF
(la Comtesse),
Louis de FUNÈS
(Machetu),
MARCEL-ANDRÉ
(le Père Dubaton),
Anne GUERINI
(la Photographe),
Roger LAURAN
(le Journaliste),
Guy DESCAUX
(le Photographe),
Maurice MERIC
(Docteur Subitès),
Jean OZENNE
(Professeur Galopin),
François GUERIN
(Fabrice),
Catherine ANOUILH
(Marguerite),
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NoteOrnifle - qui signe Ornifle tout court mais qui s'appelle en réalité Ornifle de Saint-Oignon, son père ètait colonel et comte - est-il parolier ?. Son ami Machetu, qui a trois théâtres à Paris en plus d'une grosse affaire de ferraille à Saint-Ouen, prétend qu'il est marchand de paroles. Sa secrétaire, l'ingrate Mlle Supo (qui l'aime en silence et sans espoir depuis dix ans et qui est, en plus, la voix de sa conscience) prétend qu'il est poète.
C'est d'ailleurs parce qu'elle avait lu à vingt ans les premiers poèmes d'Ornifle dans une bibliothèque de province qu'elle est venue se proposer à lui comme secrétaire, se jugeant trop laide pour être sa muse.
Mais Ornifle, qui ne se sentait que du talent, et qui pense qu'un poète de talent ce n'est pas grand-chose, a tr?s vite renoncé à ce qu'on appelle la littérature et il s'est mis à écrire des couplets pour les revues du Casino de Paris, sous les reproches amers de Mlle Supo qui espère toujours qu'il redeviendra le poète qu'elle a admiré jeune fille. C'est qu'Ornifle a décidé que la vie ne valait pas la peine qu'on se donnait habituellement pour elle et qu'elle avait à être vécue tout simplement. Ornifle est un homme de plaisir rigoureux.
Sa rigueur l'amenant à ne jamais tricher avec lui-même, sa route est naturellement parsem?e de victime. Quand la pi?ce proprement dite débute, assez tard dans le deuxi?me acte puisqu'il s'agit d'une com?die-portrait, nous apprenons qu'Ornifle va avoir un enfant d'une de ses belles amies qu'il vient justement d'abandonner : une certaine Clorinde.
C'est sa propre femme, la comtesse, la seule femme de sa vie qu'il n'a pas prise pour son plaisir, qui nous le révèle au cours d'une scène de reproches mesur?s.
Ornifle, avec une belle liberté qui nous a un peu quitt?s depuis le XVIIIe si?cle, d?cide de faire endosser cette paternit? ? Machetu (qui était amoureux en secret de Clorinde) et, dans une sc?ne particulièrement cynique, il persuadera le malheureux d'avoir fait le déshonneur de cette jeune fille qu'il n'a en vérité jamais touchée.
Mais cet enfant (encore à naître) à peine abandonné, on introduira un jeune homme en noir annoncé depuis le premier acte.
C'est la riposte immédiate du Ciel.
Car le Ciel joue un rôle dans cette pièce. La preuve c'est qu'il y a un Père - le Père Dubaton - une reconnaissance - une pure jeune fille sauvée au dernier moment - un coup de tonnerre ou quelque chose d'équivalent et même un cantique qu'Ornifle - qui peut tout être avec la même candeur - compose gentiment sous nos yeux entre deux couplets grivois.
Il y a même, avec une symphonie de noirs sur le fond rouge du décor, une autre présence de plus en plus insistante dont il vaut mieux ne pas parler...
Jean ANOUILH
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